Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/94

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choses ; mais les habitants avertis se précipitèrent en foule à sa poursuite, lui reprirent son butin et tuèrent deux de ses serviteurs ; il s’enfuit tout nu et deux autres de ses serviteurs furent pris ; on les envoya enchaînés au roi Childebert qui les fit jeter en prison et ordonna qu’ils fussent interrogés, afin de savoir par l’aide de qui Cuppan s’était échappé et n’avait point été pris par ceux qui le poursuivaient. Ils répondirent que c’était par l’artifice du vicairexx Animodius, qui exerçait l’autorité judiciaire dans le pays. Aussitôt le roi adressa des lettres au comte de la ville pour lui ordonner de le lui envoyer enchaîné, et, dans le cas où il s’exercerait de résister, le roi ordonnait au comte, s’il voulait acquérir ses bonnes grâces, de le saisir par force et de le tuer ; mais Animodius, sans résister, donna caution et se rendit où il lui était ordonné. Il alla trouver le domestique Flavien, fut mis en cause avec son co-accusé, et n’ayant point été jugé coupable, fut absous ainsi que lui. Il reçut l’ordre de retourner chez lui, après avoir cependant fait auparavant des présens au domestique. Ce même Cuppan, ayant réuni de nouveau quelques-uns des siens, voulut enlever, pour l’épouser, la fille du défunt Bodégésile, évêque du Mans. Dans cette intention donc, il tomba une nuit, avec la troupe de ses associés, sur le village de Marolles. Mais la matrone Magnatrude, mère de la jeune fille et maîtresse de la maison, avertie de cette surprise, sortit contre lui avec ses serviteurs, le repoussa par la force et blessa plusieurs d’entre eux ; en sorte que Cuppan s’en retourna non sans confusion.

Il arriva qu’une nuit, en Auvergne, des hommes