Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/95

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étant enchaînés dans les prisons, leurs liens se rompirent par l’ordre de Dieu, et ayant ouvert les portes, ils s’échappèrent des mains de ceux qui les gardaient et se réfugièrent dans l’église. Le comte Eulalius ayant ordonné qu’on les chargeât de nouveau de chaînes, à peine furent-elles posées sur eux qu’elles se brisèrent comme un verre fragile, et, délivrés par l’intercession de l’évêque Avite, ils furent rendus à leur liberté naturelle.

Le roi Childebert remit à la même ville, par une pieuse munificence, tous les tributs qui lui étaient dus, tant par l’église que par les monastères ou les autres clercs attachés à l’église, ou par ceux qui cultivaient les biens de l’église. Plusieurs de ceux qui étaient chargés de recueillir ces tributs avaient déjà été ruinés, attendu que, par la longueur du temps et la suite des générations, ces propriétés s’étant divisées en un grand nombre de portions, ils ne pouvaient qu’à grand’peine recueillir le tribut. Le roi, par l’inspiration de Dieu, remédia à la chose, de sorte que ce qui était dû au fisc ne tombât point à la charge des collecteurs[1] xxi, et que les cultivateurs des biens de l’église ne fussent pas obligés de payer les arrérages.

On assembla, sur les confus du territoire de l’Auvergne, du Velay [Gévaudan] et du Rouergue, un synode d’évêques contre Tétradie, veuve de défunt Didier, parce que le comte Eulalius réclamait ce qu’elle lui avait

  1. Les percepteur des tributs ou des redevances dus au roi étaient demeurés responsables de leur recouvrement, et obligés de fournir eux-mêmes ce que ne pouvaient payer les contribuables, comme les décurions dans l’empire romain.