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Auvergne, il s’enfuit à Rome ; mais voulant y mener une vie aussi déréglée, il fut lapidé. Euric régna encore quatre ans après la mort de celui-ci [arrivée l’an 484 (Dom Bouquet)]; il mourut dans la vingt-septième [lisez dix-septième] année de son règne[1]. Il y eut alors un grand tremblement de terre.

Namatius, évêque d’Auvergne, étant mort, fut remplacé par Éparchius, homme d’une grande sainteté et de beaucoup de foi. Comme, dans ce temps, l’église avait dans les murs de la ville une petite propriété, l’évêque y demeurait dans l’endroit qu’on nomme à présent la sacristie, et pendant la nuit il se levait pour aller rendre grâces à Dieu à l’autel de l’église. Il arriva qu’une certaine nuit qu’il y alla, il trouva l’église remplie de démons, et leur prince lui-même vêtu à la manière des femmes et assis dans la chaire épiscopale. Le pontife lui dit : « Infâme courtisane, tu ne te contentes pas d’infecter tous les lieux de tes profanations ; tu viens souiller le siège consacré à Dieu, en y posant ton corps dégoûtant ! Retire-toi de la maison de Dieu, ne la profane pas davantage. » Celui-ci lui répliqua : « Puisque tu me donnes le nom de courtisane, je te tendrai beaucoup d’embûches, en t’enflammant de passion pour les femmes. » À ces mots, il s’évanouit comme de la fumée. Il est vrai que le pontife éprouva de violens accès de concupiscence charnelle ; mais, armé du signe de la croix, l’ennemi ne put lui faire aucun mal. On rapporte qu’il fit bâtir sur le sommet du mont Chantoin un monastère, où l’on voit encore son oratoire et où il s’enfermait pendant les saints jours du carême. Le jour de Pâques il s’en retournait à son église en chantant accompagné des

  1. En 485.