Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/118

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de traverser. Pourquoi retiens-tu ton armée, lorsque ton ennemi est, dans un lieu très fortifié ? Tu désoles les campagnes, tu ravages les prés, tu coupes les vignes, tu abats les oliviers ; enfin, tu détruis toutes les productions du pays, et tu ne peux cependant lui faire aucun mal. Envoie-lui plutôt des députés, et impose-lui un tribut qu’il te payera tous les ans ; de cette manière, la contrée sera délivrée, et tu seras toujours le maître de celui qui te payera un tribut. Si Gondebaud n’y consent pas, tu agiras alors comme il te plaira. » Le roi ayant accueilli ce conseil, ordonna à ses guerriers de retourner chez eux. Ayant donc envoyé une députation à Gondebaud, il lui prescrivit de lui payer exactement tous les ans le tribut qu’il lui imposait. Gondebaud le paya sur le champ, et promit d’en faire autant par la suite.

Après cela, Gondebaud ayant repris des forces, et négligeant déjà de payer au roi Clovis le tribut qu’il lui avait promis, fit marcher une armée contre Godégisile, son frère, et l’assiégea dans la ville de Vienne. Dès que les vivres commencèrent à manquer au bas peuple, Godégisile craignant que la disette ne s’étendît jusqu’à lui, fit chasser de la ville tous les pauvres gens. Cela fait, parmi ceux qui furent renvoyés se trouva un ouvrier de la ville à qui était confié le soin des aqueducs. Irrité d’avoir été renvoyé avec les autres, il alla, tout furieux, trouver Gondebaud et lui indiqua par quel endroit il pourrait envahir la ville pour se venger de son frère. S’étant mis à la tête de l’armée, l’ouvrier dirigea par l’aqueduc les troupes, précédées d’un grand nombre d’hommes armés de leviers de fer. Il y avait un soupirail bouché