Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/119

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par une grosse pierre ; quand on l’eut renversée au moyen des leviers, et sous la direction de l’ouvrier, ils entrèrent dans la ville, et surprirent par-derrière les soldats qui lançaient des flèches du haut des remparts. Ayant sonné de la trompette au milieu de la ville, les assiégeants s’emparent des portes, et les ayant ouvertes, ils se précipitent tous ensemble dans les rues, tandis qu’au milieu de ces deux armées le peuple était massacré des deux côtés. Godégisile se réfugia dans l’église des hérétiques, où il fut tué avec l’évêque arien. Les Francs qui étaient, dans ce temps, auprès de Godégisile, se retirèrent tous dans une seule tour. Gondebaud ayant ordonné qu’on ne leur fit aucun mal, les fit prisonniers, et les envoya en exil à Toulouse, auprès du roi Marie. Il fit ensuite périr les sénateurs et les Bourguignons du parti de Godégisile. Il remit sous sa domination tout le pays qu’on nomme actuellement la Bourgogne. Il y institua des lois plus douces, pour qu’on n’opprimât pas les Romains[1] xcii.

  1. La loi des Bourguignons est le plus ancien des codes barbares ; il est hors de doute que sa rédaction est antérieure à la conquête du royaume des Bourguignons par les Francs, en 534 ; mais il n’est pas également certain que, du moins dans sa forme actuelle, elle soit l’ouvrage de Gondebaud, quoiqu’on lui ait donné son nom (loi Gombette). On parle, il est vrai, dans la préface, de la seconde année du règne du roi Gondebaud, ce qui se rapporterait à l’an 467 ou 468, époque où Gondebaud régnait en commun avec ses frères. Mais deux des lois contenues dans ce code (tit. 42, 45), sont annoncées comme publiées sous le consulat d’Aviénus, en 501 ou 502 ; et une troisième (tit. 52) se rapporte au consulat d’Agapet, en 517. Or, Gondebaud mourut en 515. En y regardant de près, on reconnaît que ce qu’on appelle la préface contient deux préfaces différentes ; c’est dans la seconde qu’il est fait mention de la seconde année du règne de Gondebaud ; mais au lieu de Gondebaud, on lit dans plusieurs manuscrits le nom de Sigismond son fils, et la seconde