Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/146

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sées son trésor : il retourna à la ville pour les chercher ; mais ensuite l’armée l’empêcha de regagner le port. Voyant qu’il ne pouvait s’échapper, il voulut se réfugier dans l’église des chrétiens xvii ; mais, avant qu’il en eût pu atteindre le seuil sacré, un de ceux qui le poursuivaient poussa contre lui sa lance, et le frappa d’un coup mortel : il tomba sur le pieu même, et rendit l’esprit. Alors Childebert reprit sa sœur avec de grands trésors, et il comptait la ramener ; mais elle mourut en route je ne sais comment, et fut portée à Paris, où on l’ensevelit près de son père Clovis. Childebert choisit dans ces trésors des choses très précieuses, et les consacra aux service de la sainte église ; car il avait apporté soixante calices, quinze patènes, et vingt coffres destinés à enfermer les Évangiles, le tout en or pur, et orné de pierres précieuses ; et il ne souffrit pas que ces choses fussent brisées, mais il les distribua entre les églises et les basiliques des Saints, et les consacra au service divin.

Ensuite de cela, Clotaire et Childebert firent le projet de marcher en Bourgogne ; Théodoric, qu’ils avaient appelé à leur secours, ne voulut pas y aller. Cependant les Francs qui marchaient avec lui lui dirent : « Si tu ne veux pas aller en Bourgogne avec tes frères, nous te quitterons, et nous les suivrons à ta place. » Mais lui, pensant que les gens d’Auvergne lui avaient manqué de foi, dit aux Francs : « Suivez-moi en Auvergne, et je vous conduirai dans un pays où vous prendrez de l’or et de l’argent, autant que vous en pourrez désirer, d’où vous enlèverez des troupeaux, des esclaves et des vêtements en abondance : seulement ne suivez pas ceux-ci xviii. » Séduits