Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/150

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il en réunit un grand nombre qui lui prêtèrent serment de fidélité et l’honorèrent comme un roi. Théodoric l’ayant appris, lui envoya un ordre portant : « Viens à moi, et, s’il t’est dû quelques portions des terres de notre royaume, elles te seront données. » Théodoric disait cela pour le tromper, afin de le faire venir à lui et de le tuer ; mais lui ne voulut pas y aller, et dit : « Reportez à votre roi que je suis roi aussi bien que lui. » Alors le roi, en colère, ordonna de faire marcher une armée afin de le punir lorsqu’il l’aurait vaincu par la force. Munderic, en ayant été instruit, et n’étant pas en état de se défendre, se réfugia dans les murs du château de Vitry[1] xxii où il travailla à se fortifier, y renfermant tout ce qu’il possédait et tous ceux qu’il avait séduits. L’armée qui marchait contre lui entoura le château et l’assiégea pendant sept jours. Munderic la repoussait à la tête des siens et disait : « Tenons-nous fermes et combattons jusqu’à la mort, et les ennemis ne nous vaincront pas. » L’ennemi tout à l’entour lançait des traits contre les murs, mais cela ne servait à rien : on le fit savoir au roi, qui envoya un des siens, nommé Arégésile, et lui dit : « Tu vois que ce perfide réussit dans sa révolte ; va, et engage-le sous serment à sortir sans crainte, et, lorsqu’il sera sorti, tue-le, et efface son souvenir de notre royaume. » Celui-ci y étant allé fit ce qu’on lui avait ordonné ; mais il convint d’abord, d’un signal avec ses gens, et leur dit : « Lorsque je dirai telles et telles choses, jetez-vous aussitôt sur lui et le tuez. » Arégésile étant donc entré, dit à Munderic : « Jusques

  1. Château fort prés de Brioude en Auvergne ; ou, selon Valois et dom Bouquet, Vitry le François en Champagne.