Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/292

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ne voulurent accomplir aucune de leurs promesses.

Une femme à Paris fut accusée ; plusieurs assuraient qu’elle délaissait son mari et s’approchait d’un autre homme ; les parents du mari, allèrent trouver le père et lui dirent : « Range ta fille à une meilleure conduite, ou certainement elle mourra, afin que sa honte n’inflige pas de déshonneur à notre race. — Je sais, dit le père, que ma fille se conduit bien et que ce que disent des hommes méchants n’est point véritable ; cependant, pour qu’on ne la calomnie pas de nouveau, je ferai serment de son innocence. » Et eux lui dirent : « Si elle est innocente, affirme-le par serment sur le tombeau de saint Denis martyr. — Je le ferai, dit le père. » Alors au jour fixé, ils se réunirent à la basilique du saint martyr, et le père, les mains levées sur l’autel, jura que sa fille n’était point coupable. Ceux qui étaient du parti du mari soutinrent contre lui qu’il se parjurait ; il s’éleva donc une altercation et les épées furent tirées ; ils se jetèrent les uns sur les autres et se tuèrent jusque devant l’autel. C’étaient des gens de la plus haute naissance et des premiers auprès du roi Chilpéric. Beaucoup furent frappés de l’épée, et la sainte basilique fut arrosée du sang humain ; les portes furent percées de coups d’épée ou de javelot et des traits impies insultèrent jusques au saint tombeau. On eut grand’peine à apaiser le tumulte, et l’église fut interdite lxxvi jusqu’à ce que le roi fût instruit de ce qui s’était passé. Les auteurs de cette violence se rendirent devant le prince qui ne les reçut pas en grâce, mais ordonna qu’ils fussent remis à l’évêque du lieu, afin que, s’il les trouvait coupables de ce méfait,