Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/311

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gard de son bien, vois ce qu’il lui dit : Comment Satan a-t-il tenté votre cœur pour vous porter à mentir au Saint-Esprit ? Ce n’est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu[1]. Et Paul, lorsqu’il distingue les degrés de la grâce spirituelle, dit : C’est un seul et même esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun les dons qu’il lui plait[2]. Celui qui fait ce qu’il veut n’est en la puissance de personne. Mais comme je le disais tout à l’heure, vous n’avez pas une pensée droite sur la sainte Trinité, et la mort d’Arius, dont vous suivez l’opinion, montre assez l’impie perversité de sa secte. Alors il me répondit : Ne blasphème pas la loi que tu n’adores point ; nous ne blasphémons pas ce que vous croyez, bien que nous ne le croyions pas, et ne regardons pas à crime d’adorer l’un et l’autre ; car nous disons proverbialement à celui qui passe entre un temple des Gentils et une église de Dieu : ce n’est point une faute de les révérer l’un et l’autre. » Apercevant alors sa sottise, je lui dis : « À ce que je vois, tu te déclares défenseur des Gentils et partisan des hérétiques ; car en même temps que tu corromps les dogmes de l’Église, tu reconnais qu’on peut adorer les abominations des Païens ; tu ferais bien mieux, lui dis-je, de t’armer de la vérité qu’Abraham reconnut auprès du chêne, Isaac dans un bélier, Jacob sur la pierre, Moïse dans un buisson, qu’Aaron porta figurée sur son rational[3] xcviii, que David célébra au son

  1. Actes des ap. chap. 5, v. 3, 4.
  2. Épît. aux Corinth. chap. 12, v. 11.
  3. Partie du vêtement des grands prêtres hébreux.