Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/372

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envers qui tu t’es rendu bien coupable. » Mais lui, imprudent et léger, se fiant sur ce qu’il avait été admis en la présence du roi, lorsque le roi vint à Paris, se rendit un dimanche dans la sainte cathédrale, se jeta aux pieds de la reine, et implora son pardon ; mais elle, frémissant de colère, et détestant sa vue, le repoussa, et versant des larmes, dit : « Puisqu’il ne me reste pas de fils qui prenne soin de poursuivre mes injures, c’est à toi, mon Seigneur Jésus, que j’en remets la poursuite. » Et se prosternant aux pieds du roi, elle ajouta : « Malheur à moi qui vois mon ennemi, et ne puis l’emporter sur lui ! » Il fut donc repoussé du lieu saint, et on accomplit les cérémonies de la messe. Le roi étant sorti avec la reine de la sainte cathédrale, Leudaste continua son chemin jusqu’à la place, sans se douter de ce qui allait lui arriver. Il parcourait les maisons des marchands, se faisait montrer des pièces d’argenterie, pesait l’argent, et examinait plusieurs joyaux en disant : « J’achèterai ceci et ceci, car il me reste beaucoup d’or et d’argent. » Comme il disait cela, survinrent soudainement les serviteurs de la reine qui voulurent le lier de chaînes. Ayant tiré son épée, il en frappa l’un d’eux, ce qui irrita les autres ; en sorte que, prenant leurs boucliers et leurs épées, ils se jetèrent sur lui. Il y en eut un qui d’un coup lui enleva une partie des cheveux et de la peau de la tête. Comme il fuyait à travers le pont de la ville, son pied se prit entre deux des planches du pont ; il eut la jambe cassée, et fut pris : on lui lia les mains derrière le dos, et il fut remis à des gardes. Le roi ordonna qu’il fût soigné par les médecins, afin que, guéri de ses blessures, il pût