Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/412

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fera bientôt sauter la cervelle ; » et ils se retirèrent après ce bruyant débat. À ces mots le roi, enflammé de colère, ordonna qu’on leur jetât à la tête pendant qu’ils se retiraient du fumier de cheval, des herbes pourries, de la paille, du foin pourri et la boue puante des rues de la ville. Couverts d’ordures, les députés se retirèrent, non sans essuyer un grand nombre d’injures et d’outrages.

Pendant que la reine Frédégonde résidait dans une église de Paris, Léonard, un de ses domestiques, qui arrivait de la ville de Toulouse, étant venu vers elle, lui raconta les injures et les outrages auxquels sa fille était en proie, lui disant : « Comme par votre ordre j’ai voyagé avec la reine Rigonthe, j’ai vu son abaissement et comment elle a été dépouillée de ses trésors et de tous ses biens : m’étant échappé par la fuite, je viens annoncer à ma maîtresse ce qui a été fait. » À ces paroles, Frédégonde, entrant en fureur, ordonna qu’on le mît à nu dans l’église même, et qu’après l’avoir dépouillé de ses vêtements et d’un baudrier qu’il avait reçu en présent du roi Chilpéric, on le chassât de sa présence. Elle fit pareillement battre, dépouiller et mutiler les cuisiniers et boulangers, et tous ceux qu’elle sut de retour de ce voyage. Elle essaya de noircir auprès du roi, par d’odieuses accusations, Nectaire [Nectarius], frère de l’évêque Baudégésile [Évêque du Mans], affirmant qu’il avait enlevé beaucoup de choses des trésors du roi mort. Elle disait qu’il avait pris dans l’office des peauxxi et des vins, et demandait qu’on le chargeât de chaînes et qu’on le plongeât dans une obscure prison ; mais la douceur du roi et la protection de Baudégésile empê-