Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/413

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chèrent qu’il n’en fût ainsi. Faisant tant d’insolentes actions, cette reine ne craignait pas Dieu, dans l’église duquel elle cherchait un asile. Elle avait alors auprès d’elle le juge Odon [Audon], qui, du temps du roi Chilpéric, l’avait conseillée dans une multitude de crimes. Ce fut lui qui, de concert avec le préfet Mummole, soumit à un tribut public un grand nombre de Francs qui, dans le temps du roi Childebert l’ancien, en avaient été exempts. Après la mort du roi, les Francs le dépouillèrent et le mirent à nu, de manière qu’il ne lui resta que ce qu’il put emporter sur lui. Ils incendièrent sa maison ; ils lui auraient même ôté la vie s’il ne s’était réfugié dans l’église avec la reine.

Elle reçut avec colère l’évêque Prétextat que les habitants de Rouen, après la mort du roi, rappelèrent de l’exil et rétablirent dans sa ville avec une grande joie et en grand triomphe. Après son retour, il se rendit dans la ville de Paris et se présenta au roi Gontran, le priant d’examiner avec soin son affaire. La reine prétendait qu’on ne devait pas recevoir un homme qui avait été éloigné du ministère pontifical par le jugement de quarante-cinq évêques. Comme le roi voulait convoquer un synode à ce sujet, Ragnemode, évêque de Paris, donna cette réponse au nom de tous les évêques : Sachez que les évêques lui ont infligé une pénitence, mais qu’ils ne l’ont point absolument écarté de l’épiscopat. Ayant été reçu par le roi et admis à sa table, il retourna ensuite dans sa ville.

Promotus, que le roi Sigebert avait créé évêque de Châteaudun, en avait été écarté après la mort du