Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/415

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les plus considérables du royaume de Chilpéric, qui, la laissant dans cet endroit avec l’évêque Mélanius, qui avait été exilé de Rouen, se rendirent auprès de son fils, lui promettant de l’élever avec le plus grand soin.

Frédégonde, retirée dans ce domaine, était très affligée de ce qu’on lui avait enlevé son pouvoir, et, trouvant le sort de Brunehault meilleur que le sien, elle envoya secrètement un clerc, son confident, pour l’entourer de piéges et la tuer. Il devait s’introduire adroitement à son service, gagner sa confiance, et la tuer secrètement. Étant donc venu, le clerc s’insinua auprès de Brunehault par diverses ruses, disant : « Je fuis loin de la face de la reine Frédégonde ; et viens vous demander votre protection. » Il commença à se rendre serviable, agréable et soumis à tout le monde, et familier de la reine ; mais peu de temps après on s’aperçut que c’était une fourberie. On l’enchaîna, on le battit de verges ; et, après lui avoir fait avouer son dessein, on lui permit de retourner vers sa maîtresse. Quand il lui eut rapporté ce qui s’était passé, et qu’il n’avait pu exécuter ses ordres, elle lui fit couper les pieds et les mains.

Pendant que ces choses se passaient ainsi [en 591], le roi Gontran, revenu à Châlons, faisait de soigneuses recherches sur la mort de son frère ; la reine accusa de ce crime Eberulfxiii, son domestique, car elle l’avait prié de demeurer avec elle après la mort du roi, sans pouvoir l’obtenir. Cette inimitié s’étant donc accrue, la reine prétendit qu’il était le meurtrier du prince, qu’il avait pillé beaucoup d’argent des trésors, et