Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parents n’avaient aucune preuve pour le convaincre, on arrêta qu’il se déclarerait innocent par le serment. Les parents, peu contents de ce jugement, remirent l’affaire à la décision du roi Childebert. Mais on ne trouva ni l’argent ni les cautions du Juif mort. Beaucoup de personnes prétendaient alors que le tribun Médard xviii [Medardus] avait trempé dans ce crime, parce qu’il avait aussi emprunté de l’argent du Juif. Injuriosus vint au plaid en présence du roi Childebert, et attendit pendant trois jours, jusqu’au coucher du soleil xix. Comme ses adversaires ne vinrent point, et que personne ne se porta contre lui dans cette affaire, il retourna chez lui.

La dixième année du règne de Childebert[1], le roi Gontran ayant convoqué les peuples de son royaume, leva une armée considérable, dont la plus grande partie, avec les gens d’Orléans et de Bourges, marcha contre les Poitevins qui avaient manqué à la fidélité qu’ils avaient promise au roi. Ils envoyèrent d’abord à Poitiers des députés pour savoir s’ils voulaient ou non les recevoir. Mérovée [Marovéus], évêque de cette ville, accueillit mal les députés. L’armée étant entrée dans le territoire de Poitiers se livra au pillage, aux incendies et aux meurtres ; ceux qui s’en retournaient chargés de butin, en traversant le territoire de Tours, traitèrent de la même manière les gens qui avaient déjà prêté serment au roi, incendièrent les églises elles-mêmes, et pillèrent tout ce qu’ils purent trouver. Cela dura longtemps, car les gens de Poitiers avaient grand’peine à se décider à rentrer sous l’empire du roi. Mais lorsque l’armée s’approcha davantage de la ville, et qu’on vit que la plus grande partie du

  1. En 585.