Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/427

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coup. Cependant les gens de Claude revenant armés, percèrent Eberulf de différents coups. Il s’échappa de leurs mains, et, presque mort, il s’efforçait de fuir ; mais ils lui déchargèrent sur la tête de grands coups de sabre. La cervelle brisée, il tomba et mourut. Ainsi il ne fut pas digne d’être sauvé par le Saint qu’il n’avait jamais prié sincèrement.

Claude, frappé de crainte, se réfugia dans la cellule de l’abbé, réclamant la protection de celui pour le patron duquel il n’avait jamais eu de respect. Il lui dit : « Un crime énorme a été commis, et sans ton secours nous périssions. » Comme il parlait, les gens d’Eberulf se précipitèrent armés d’épées et de lances. Trouvant la porte fermée, ils rompirent les vitres de la cellule, lancèrent leurs javelots par les fenêtres, et percèrent d’un coup Claude déjà demi-mort ; ses satellites se cachèrent derrière les portes et sous les lits. L’abbé, saisi par deux clercs, eut de la peine à échapper vivant de ces épées. Les portes ayant donc été ouvertes, la troupe des gens armés se précipita dans l’intérieur. Quelques-uns des marguilliers et des pauvres de l’église, indignés du crime qui venait d’être commis, s’efforcèrent de briser le toit de la cellule. Ces furieux et d’autres misérables accoururent avec des pierres et des butons pour venger l’insulte faite à la sainte basilique, supportant avec peine qu’on eût fait là des choses jusqu’alors inouïes. Que dirai-je ? les fuyards furent arrachés de leurs retraites, et massacrés impitoyablement. Le pavé de la cellule fut souillé de sang. Après qu’on les eut tués, on les traîna dehors, et on laissa leurs corps nus sur la terre froide. Les meurtriers, les ayant dé-