Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/436

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injures et lui disant : « Es-tu ce peintre qui, dans le temps du roi Clotaire, barbouillait dans les oratoires, les parvis et les voûtes ? Es-tu celui que les habitants des Gaules appellent souvent du nom de Ballomer ? Es-tu celui qui, à cause de ses prétentions, à si souvent été tondu et exilé par les rois des Francs ? Fais-nous au moins savoir, ô le plus misérable des hommes, qui t’a conduit dans ces lieux ? qui t’a donné l’audace extraordinaire d’oser approcher des frontières de nos seigneurs et rois ? Si quelqu’un t’a appelé, dis-le positivement ; voilà la mort étalée devant tes yeux ; voilà la fosse que tu as cherchée longtemps, et dans laquelle tu viens te précipiter. Dénombre-nous tes satellites ou déclare-nous ceux qui t’ont appelé. » Gondovald, entendant ces paroles, s’approchait et disait du haut de la porte : « Que mon père Clotaire m’ait eu en aversion, c’est ce que personne n’ignore ; que j’aie été tondu par lui et ensuite par mes frères, c’est ce qui est connu de tous. C’est ce motif qui m’a fait retirer, en Italie auprès du préfet Narsès ; là j’ai pris une femme et engendré deux fils ; ma femme étant morte, je pris avec moi mes enfants et allai à Constantinople ; j’ai vécu jusqu’à ce temps accueilli par les empereurs avec une extrême bienveillance. Il y a quelques années Gontran Boson étant venu à Constantinople, je m’informai de lui, avec empressement, des affaires de mes frères, et je sus que notre famille était très affaiblie et qu’il n’en restait que Childebert fils de mon frère et Gontran mon frère ; que les fils du roi Chilpéric étaient morts avec lui et qu’il n’avait laissé qu’un petit en-