Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/437

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fant xxxiii ; que mon frère Gontran n’avait pas d’enfants, et que mon neveu Childebert n’était pas un puissant guerrier. Alors Gontran Boson, après m’avoir exactement exposé ces choses, m’invita en disant : Viens, tu es appelé par tous les principaux du royaume de Childebert, et personne n’ose s’opposer et toi, car nous savons tous que tu es fils de Clotaire ; et il n’est resté personne dans les Gaules pour gouverner ce royaume, à moins que tu ne viennes. Ayant fait des présents à Gontran Boson, je reçus son serment dans douze lieux saints, afin de venir ensuite avec sécurité dans ce royaume. Je vins à Marseille où l’évêque me reçut avec une extrême bonté, car il avait des lettres des principaux du royaume de mon neveu ; je m’avançai de là vers Avignon auprès du patrice Mummole. Gontran, violant son serment et sa promesse, m’enleva mes trésors et les retint en son pouvoir. Reconnaissez donc que je suis roi comme mon frère Gontran ; cependant si votre esprit est enflammé d’une si grande haine, qu’on me conduise au moins vers votre roi, et s’il me reconnaît pour son frère, qu’il fasse ce qu’il voudra. Si vous ne voulez pas même cela, qu’il me soit permis de m’en retourner là d’où je suis venu. Je m’en irai sans faire aucune injure à personne. Pour que vous sachiez que ce que je dis est vrai, interrogez Radegonde de Poitiers et Ingiltrude de Tours [Livre V], elles vous affirmeront la vérité de mes paroles. » Pendant qu’il parlait ainsi, un grand nombre accueillait son discours avec des injures et des reproches.