Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/485

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château de Cabarat[1] xxxviii [Cabarède] dépeuplé la plus grande partie du pays Toulousain et emmené les habitants captifs. Il a pris, dans le pays d’Arles, le château de Beaucaire [Ugerne], a enlevé tout ce qui s’y trouvait, hommes et biens, et s’est enfermé dans les murs de la ville de Nîmes. » Le roi ayant entendu ces nouvelles, nomma pour duc Leudégésile à la place de Calumniosus surnommé Agilan, lui soumit toute la province d’Arles [Provence Arlésienne] et lui donna plus de quatre mille hommes pour en garder les frontières. Nicet duc d’Auvergne partit également avec des troupes, et fut chargé de cerner les frontières du pays.

Pendant que cela se passait, Frédégonde, qui habitait la ville de Rouen, eut des paroles aigres avec l’évêque Prétextat, et lui dit qu’il viendrait un temps où il retrouverait le lien dans lequel il avait été retenu en exil. Prétextat lui dit : « En exil et hors de l’exil, j’ai toujours été, je suis et je serai évêque ; mais tu ne jouiras pas toujours de la puissance royale. De l’exil nous passons, avec l’aide de Dieu, dans le royaume céleste ; de ton royaume, toi, tu tomberas dans l’abîme. Il aurait mieux valu pour toi laisser là tes méchancetés et tes folies, te convertir à une meilleure conduite, et dépouiller cet orgueil qui bouillonne toujours en toi, afin que tu pusses obtenir la vie éternelle, et amener à l’âge d’homme cet enfant que tu as mis au monde. » Lorsqu’il eut dit ces paroles, Frédégonde, les prenant très mal, sortit de sa présence, violemment irritée contre lui. Le jour de la résurrection du Seigneur étant arrivé xxxix,

  1. Dans le diocèse de Carcassonne.