Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/486

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comme l’évêque s’était rendu de bonne heure à la cathédrale pour accomplir les offices de l’église, et commençait à entonner les antiennes selon l’ordre accoutumé, dans un moment où, entre les psaumes, il était appuyé sur sa chaire, un cruel meurtrier s’approcha de lui, et tirant un couteau de sa ceinture xl [baudrier], frappa l’évêque appuyé, comme il était, sur la chaire, au-dessous de l’aisselle. Il se mit à crier pour que les clercs présents en ce lieu lui portassent secours ; mais de tous ceux qui étaient présents, aucun ne vint à son aide. Rempli de sang, il étendit ses mains sur l’autel, offrit à Dieu son oraison, lui rendit grâces, puis, emporté chez lui dans les bras des fidèles, il fut placé dans son lit. Aussitôt Frédégonde vint le voir avec le duc Beppolène et Ansovald, et lui dit : « Nous n’aurions pas voulu, ô saint évêque, non plus que le reste de ton peuple, que, pendant l’exercice de tes fonctions, il t’arrivât une telle chose. Mais plût à Dieu qu’on pût nous indiquer celui qui a osé la commettre, afin qu’il subît le supplice que mérite un semblable crime ! » Le prêtre, sachant que ses paroles étaient pleines d’artifice, lui dit : « Et qui l’a commise si ce n’est celle qui a fait périr des rois, qui a si souvent répandu le sang innocent, et a commis divers autres méfaits en ce royaume ? » Elle lui répondit : « Nous avons près de nous de très habiles médecins qui pourront guérir cette blessure ; permets qu’ils viennent te trouver. » Mais il lui dit : « Les ordres de Dieu m’ont rappelé de ce monde. Toi qu’on reconnaît toujours pour la source de tous ces crimes, tu seras maudite dans les siècles, et Dieu vengera mon sang sur ta tête. » Lorsqu’elle fut par-