Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/64

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je pas dit vrai, que cet homme parlait comme un insensé ? Admis à la dignité de prêtre, il harcela souvent le saint homme de ses insultes. Ayant ensuite obtenu, du consentement des citoyens, les fonctions pontificales, il s’adonna à l’oraison. Quoiqu’il fût orgueilleux et vain, il passait cependant pour chaste de corps. Mais, dans la trente-troisième année de son épiscopat, il s’éleva contre lui une déplorable accusation de crime ; car, une femme à qui ses domestiques avaient coutume de porter ses vêtemens à laver, et qui, sous l’apparence de religion, avait pris l’habit, vint à concevoir et enfanta. Cette circonstance enflamma de colère tout le peuple de Tours ; il imputa ce crime à l’évêque, et il n’y avait qu’une voix pour le lapider, et le peuple disait : « Longtemps tu as caché ta luxure sous les dehors de la piété d’un saint, et Dieu ne permet pas que nous nous souillions plus longtemps à baiser tes indignes mains. » Lui, au contraire, niant avec force, dit : « Apportez-moi l’enfant. » Et quand on lui eut apporté l’enfant, âgé de trente jours, l’évêque Brice lui dit : « Je te conjure, au nom de Jésus-Christ, fils du Dieu tout-puissant, si je t’ai engendré, de le dire en présence de tout le monde. » Et celui-ci dit : « Tu n’es pas mon père. » Et le peuple le priant de demander qui était le père, le prêtre répondit : « Cela ne me regarde pas. Je me suis occupé de ce qui me regardait ; si quelque chose vous intéresse, demandez-le vous-même. »

Alors, soutenant que ceci avait été opéré par l’art de la magie, tous, d’un commun accord, se soulevèrent contre lui ; et, l’entraînant, ils lui disaient :