Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/65

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« Tu ne nous gouverneras pas plus longtemps sous le faux nom de pasteur. » Mais celui-ci, pour faire connaître la vérité au peuple, mit dans sa robe des charbons ardens, et, les pressant sur lui, il arriva, avec la foule du peuple, au tombeau de saint Martin, et, lorsqu’il eut jeté les charbons devant le tombeau, on vit son vêtement exempt de brûlure, et il parla ainsi : « De même que vous voyez mon vêtement préservé de l’atteinte de ce feu, de même mon corps est pur de toute souillure d’attouchement ou d’approche de femme. » Mais eux, ne le croyant pas et contestant ce qu’il leur disait, il fut entraîné, calomnié et chassé, afin que ces paroles du saint fussent accomplies : « Tu connaîtras que dans l’épiscopat tu es destiné à bien des peines. » Après l’avoir chassé, on éleva Justinien à l’épiscopat. Enfin Brice alla trouver le pape de Rome, et pleurant et se lamentant, il disait : « J’ai mérité de souffrir ces peines, parce que j’ai péché contre le saint de Dieu, car je l’ai souvent appelé fou et insensé, et que, témoin de ses vertus, je n’y ai pas cru ! » Après son départ les Tourangeaux dirent à leur évêque : « Vas après lui, et fais ce que tu as à faire, parce que si tu ne le poursuis pas, tu auras le dessous, à notre grand déshonneur. » Mais Justinien étant parti de Tours, et ayant atteint Verceil, ville d’Italie, frappé du jugement de Dieu, mourut durant son voyage. Les Tourangeaux, apprenant sa mort, et persévérant dans leur haine, instituèrent à sa place Armence. Mais l’évêque Brice étant arrivé à Rome, instruisit le pape de ce qu’il avait souffert ; et, durant son séjour dans la résidence apostolique, ayant célébré plusieurs fois le