Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/81

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hymnes du matin, afin de pouvoir sortir de ce lieu. Pendant ce temps, il vit deux personnes se saluant avec un respect mutuel, et se demandant réciproquement de leurs nouvelles. Alors le plus âgé commença à parler ainsi : « Je ne puis soutenir plus longtemps les larmes de la femme d’Aétius. Elle me supplie assidûment de ramener des Gaules son mari sain et sauf, tandis que le jugement de Dieu en avait décidé autrement. Cependant, en faveur de sa singulière piété, j’ai obtenu la vie de son mari, et je me hâte de le ramener ici vivant. Mais j’engage celui qui entendra ces paroles à se taire, et à ne pas oser divulguer les secrets du Seigneur, de peur qu’il ne soit promptement enlevé de la terre. » Mais le pauvre homme entendant ces paroles ne put garder le silence. Aussitôt que le ciel commença à s’éclaircir, il découvrit à la femme d’Aétius tout ce qu’il avait entendu ; et, lorsqu’il eut parlé, ses yeux se fermèrent à la lumière.

Aétius donc, réuni aux Goths et aux Francs, livra bataille à Attila. Celui-ci, voyant que ses troupes étaient taillées en pièces, eut recours à la fuite. Cependant Théodoric, roi des Goths, fut tué dans ce combat. Personne ne doit douter que la défaite des ennemis arriva par l’intercession du saint évêque dont nous avons parlé. Cependant le patrice Aétius et Thorismund remportèrent la victoire et détruisirent les ennemis. La guerre étant terminée, Aétius dit à Thorismund : « Hâtez-vous de retourner promptement dans votre patrie, de peur que votre frère, se pressant, ne vous dépouille du royaume de votre père. » Celui-ci, entendant ces paroles, se hâta de