Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/96

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trône. Tandis qu’il régnait, Basine, dont nous avons parlé plus haut, abandonna son mari pour venir auprès de Childéric. Comme il lui demandait avec empressement par quel motif elle venait d’un pays si éloigné, on dit qu’elle répondit : « J’ai reconnu ton mérite et ton grand courage ; je suis venue pour rester avec toi : sache que si j’avais connu, dans des régions au-delà des mers, un homme plus méritant que toi, j’aurais désiré d’habiter avec lui. » Celui-ci, enchanté, l’épousa. Il en eut un fils qu’on appela du nom de Clovis. Ce fut un grand prince et un redoutable guerrier liv.

Après la mort de saint Artémius [Artème] en Auvergne, Vénérande, un des sénateurs, fut créé évêque. Paulin nous apprend ce que fut ce pontife, en disant lv : « Si vous voyez les pieux pontifes du Seigneur, Exsuspère à Toulouse, Simplicius à Vienne, Amande à Bordeaux, Diogénien à Albi, Dynamius à Angouléme, Vénérande en Auvergne, Alithius à Cahors, ou Pégase à Périgueux, quels que soient les vices du siècle, vous verrez assurément les plus dignes gardiens de la sainteté, de la foi et de la religion. » On dit que Vénérande mourut la veille même du jour de Noël. Le lendemain, une procession solennelle suivit ses obsèques. Après sa mort, il s’éleva parmi les citoyens une honteuse querelle au sujet de l’épiscopat ; et comme les partis en désaccord voulaient chacun en élire un, il y avait parmi le peuple une division très animée. Pendant que les évêques siégeaient un dimanche, une femme voilée et vouée à Dieu s’avança hardiment vers eux, et leur dit : « Écoutez-moi, pontifes du Seigneur ; sachez que les