Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/95

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aux pieds du martyr ci-dessus nommé. Majorien lui succéda à l’Empire[1] [en 457] ; dans les Gaules, le Romain Ægidius fut nommé maître de la milice.

Childéric, roi des Francs, s’abandonna à une honteuse luxure, déshonorant les femmes de ses sujets. Ceux-ci, s’indignant de cet outrage ; le détrônèrent[2] [457]. Ayant découvert qu’on en voulait même à sa vie, il se réfugia dans la Thuringe, laissant dans son pays un homme lii qui lui était attaché pour qu’il apaisât, par de douces paroles, les esprits furieux. Il lui donna aussi un signe pour qu’il lui fît connaître quand il serait temps de retourner dans sa patrie, c’est-à-dire qu’ils divisèrent en deux une pièce d’or, que Childéric en emporta une moitié, et que son ami garda l’autre, disant : « Quand je vous enverrai cette moitié, et que les deux parties réunies formeront la pièce entière, vous pourrez revenir en toute sûreté dans votre patrie. » Étant donc passé dans la Thuringe, Childéric se réfugia chez le roi Bisin liii et sa femme Basine. Les Francs, après l’avoir détrôné, élurent pour roi, d’une voix unanime, Ægidius qui, ainsi que nous l’avons dit plus haut, avait été envoyé par la république romaine comme maître de la milice. Celui-ci était déjà dans la huitième année de son règne lorsque le fidèle ami de Childéric, ayant secrètement apaisé les Francs, envoya à son prince des messagers pour lui remettre la moitié de la pièce qu’il avait gardée. Celui-ci, voyant par cet indice certain que les Francs désiraient son retour, et qu’ils le priaient eux-mêmes de revenir, quitta la Thuringe, et fut rétabli sur son

  1. En 457.
  2. Ibid.