UNIVERSEL
DES SYNONYMES
DE
LA LANGUE FRANÇAISE
A
Une idée de dégradation, commune à ces deux termes, en fonde la synonymie ; mais ils ont des différences bien marquées.
Si on les applique à l’âme, l’abaissement volontaire où elle se tient est un acte de vertu ; l’abaissement où on la tient est une humiliation passagère qu’on oppose à sa fierté, afin de la réprimer ; mais la bassesse est une disposition ou une action incompatible avec l’honneur, et qui entraîne le mépris.
Si on applique ces termes à la fortune, à la condition des hommes, l’abaissement est l’effet d’un événement qui a dégradé le premier état ; la bassesse est le degré le plus bas, le plus éloigné de toute considération. L’abaissement de la fortune n’ôte pas pour cela la considération qui peut être due à la personne ; mais la bassesse l’exclut entièrement : ainsi les mendiants sont au-dessous des esclaves ; car ceux-ci ne sont que dans l’abaissement, et ceux-là sont dans la bassesse.
On peut encore appliquer ces deux termes à la manière de s’exprimer, et la même nuance les différencie toujours. L’abaissement du ton le rend moins élevé, moins vif, plus soumis ; la bassesse du style le rend populaire, trivial, ignoble. (B.)
Abaisser vient de bas, mot celtique, opposé à haut, tant au physique qu’au moral : il signifie, à la lettre, pousser en