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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/252

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ture est presque toujours impossible ; il faut vendre ce qu’on produit pour acheter ce qu’on veut consommer. La vente est la moitié d’un échange dont l’achat est le complément ; et, l’échange accompli, il se trouve qu’on a troqué ce qu’on a vendu contre ce qu’on a acheté. L’intermédiaire que cette double opération exige est la monnaie.

Il en résulte que la valeur propre de la monnaie est pour nous de peu de considération auprès de la valeur des autres produits ; nous la donnons pour la même valeur qu’on nous la donne ; il nous est indifférent de recevoir de l’or au lieu d’argent, ou de l’argent au lieu d’or, quoiqu’un de ces métaux soit plus précieux que l’autre, assurés que nous sommes que, si l’on nous donne moins d’or pour obtenir nos produits, nous en donnerons moins à notre tour dans nos achats. Mais la valeur des produits est la circonstance essentielle, celle qui influe sur notre sort : je suis d’autant plus riche que les fruits de ma production ont plus de valeur, et que les objets que je veux consommer en ont moins. Cette théorie cadre parfaitement avec celle des services productifs et des progrès de l’industrie. Que l’on soit un industrieux, un capitaliste ou un propriétaire foncier, on est marchand de services productifs, c’est par une espèce d’échange que l’on acquiert les produits qui résultent de ces services productifs : or, quand pour la même quantité de services on obtient une plus grande quantité de produits, on donne moins de la marchandise que l’on vend, et l’on reçoit plus de celle que l’on achète.

La théorie des débouchés se lie de même à celle-là. Puisqu’en réalité on n’achète pas les produits avec de l’argent, mais avec d’autres produits, nous devons vendre ce que nous produisons avec d’autant plus d’aisance, que les autres hommes produisent davantage. Chaque producteur est intéressé à se voir entouré d’une multitude d’autres producteurs ; c’est ce qui fait que l’on vend en France vingt fois plus de produits qu’au temps misérable