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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/260

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des objets consommés précède ordinairement la consommation qu’on en fait, ce dernier mot est souvent confondu avec celui de dépense.

Les dépenses publiques et les dépenses privées sont exactement de même nature, car la nature des richesses est la même pour les nations et pour les particuliers. Les lois qui président à leur formation et à leur consommation ne diffèrent pas suivant l’usage qu’on en fait, de même que les principes de l’hydrostatique ne changent pas, soit qu’on lies applique à des travaux publics ou bien à des constructions particulières. Mais nous ne pouvons pas fonder l’appréciation des dépenses sur des bases aussi sûres que celles qui nous déterminent dans l’appréciation des consommations reproductives. Dans ces dernières, nous avons à comparer des quantités de même nature, c’est-à-dire le prix ; courant des services productifs avec le prix courant des produits qui en résultent ; mais, dans la consommation, stérile, nous ne pouvons comparer qu’une dépense avec une satisfaction. Il y a nécessairement quelque chose de vague et d’arbitraire dans une semblable appréciation. La nature des choses qui rend notre marche si sûre dans toutes les autres parties de l’économie politique, nous abandonne ici aux seuls conseils de l’expérience ; mais ce n’est point un motif suffisant pour que nous renoncions à étudier cette partie de l’économie des sociétés : toutes les parties des sciences ne sont pas susceptibles du même degré de précision ; il est utile à l’avancement de nos connaissances de savoir distinguer ce qui est susceptible ou non de démonstrations rigoureuses, et c’est une partie essentielle de la science d’en connaître les limites.

Ainsi, malgré la difficulté que présente une exacte comparaison entre le montant des dépenses et les satisfactions qui en résultent, soit pour les particuliers, soit pour le public, on ne saurait nier qu’elles s’éloignent ou s’approchent plus ou moins de leur but. Les