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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/261

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phénomènes qui accompagnent la consommation n’arrivent pas par hasard, non plus que ceux de la production. Il y a encore ici des lois qui veulent que les mêmes causes, dans des circonstances pareilles, soient suivies des mêmes effets. On en peut déduire quelques règles pour provoquer des résultats favorables à notre bonheur comme particuliers ou comme citoyens, plutôt que des résultats nuls ou fâcheux.

Par exemple, le choix que peuvent faire les consommateurs de tels produits préférablement à tels autres, avec une dépense égale, donne toutes sortes d’avantages aux consommateurs éclairés sur ceux qui n’ont que des goûts grossiers ou dépravés. Un peuple est servi comme il veut être servi ; mais il ne distingue ce qui lui convient le mieux, depuis le service qu’il retire des plus simples ustensiles de ménage jusqu’à ceux que lui rendent les fonctionnaires les plus éminens, que lorsqu’il sait apprécier ce qui est bon et rebuter ce qui ne l’est pas. C’est pour cette raison que, toutes choses d’ailleurs égales, les consommations sont d’autant mieux entendues qu’une nation est plus éclairée.

Les dépenses qui satisfont à des besoins réels sont mieux entendues que celles qui n’ont pour objet que de satisfaire à des besoins factices, et procurent des jouissances plus grandes en comparaison des sacrifices qu’elles réclament. On en peut dire autant des produits dont la consommation est lente, comparés à ceux dont la consommation est rapide[1]. En soumettant à ces règles et à quelques autres du même genre tous les articles des dépenses privées et publiques, on se forme des idées un peu

  1. C’est tout le contraire dans la consommation reproductive. Ici la consommation des matériaux et des services ne procurant pas une jouissance, mais la réintégration d’un capital, plus prompte est la consommation, et plus tôt les travaux s’achèvent et les capitaux sont remboursés.