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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/280

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compagnon de voyage, et surtout les recommandations de Hume.

Introduit dans la société du duc de Larochefoucault, de Turgot, d’Helvétius, il s’y rencontrait habituellement avec les hommes les plus recommandables de la France dans les lettres et la philosophie, et surtout avec Quesnay et ses partisans, qui, à cette époque, étaient en fort grand crédit, non encore dans l’administration, mais parmi le monde savant, parmi les amis de leur pays et de l’humanité. Dupont de Nemours m’a dit s’être souvent rencontré avec Adam Smith dans cette société, peut-être la plus recommandable de l’Europe, et il y était regardé comme un homme judicieux et simple, mais qui n’avait point encore fait ses preuves. Son Cours public à Glasgow n’avait point acquis une grande célébrité[1].

C’est ici le lieu de parler de la doctrine de Quesnay et de ses sectateurs, qu’on appelait alors les économistes) mais que, depuis les grands progrès qu’on a faits ensuite dans le même genre de connaissance, nous sommes forcés de désigner par le nom d’économistes du 18me siècle.

Quesnay et ses partisans croyaient que les seuls biens que possédassent les hommes, venaient de la terre, soit qu’elle les produisît spontanément comme les métaux qu’elle recèle dans son sein, les animaux qui peuplent sa surface et les eaux dont elle est baignée ; soit que ces biens fussent provoqués par la culture. C’est un système qui depuis a trouvé son pendant dans un autre, qui maintient qu’aucuns de nos biens ne viennent de la terre,

  1. Dupont de Nemours, dans ses Notes sur les Œuvres complètes de Turgot, dont il est l’éditeur, en parle comme ayant vécu dans l’intimité de Quesnay. « Smith en liberté, dit-il à l’occasion d’un point d’économie politique, Smith dans sa chambre, ou dans celle d’un ami, comme je l’ai vu quand nous étions condisciples chez M. Quesnay, se «serait bien gardé de le nier. » Œuvres de Turgot, tome V, page 136.