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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/281

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et qu’ils sont tous le fruit du travail. Leur dissentiment n’a lieu que parce qu’on ne s’entend pas sur les biens dont il s’agit. L’un de ces systèmes les fait consister dans les matériaux où se trouve engagée leur valeur ; l’autre les fait consister uniquement dans cette valeur en faisant abstraction de la matière. Mais la nature des choses n’affecte pas des formes aussi simples, et n’admet pas des décisions si absolues. On a pu en trouver ailleurs les raisons et sentir le danger des principes absolus quand on a vu que, par des conséquences rigoureusement déduites, l’un de ces systèmes tendait affaire porter sur les terres le fardeau tout entier de l’impôt, et l’autre à les en affranchir entièrement.

Le grand pas que les économistes de Quesnay ont fait faire à la science, a été de montrer que la richesse résidait dans la chose qui a un prix et non dans le prix qu’on en tire, qui n’en est que la suite nécessaire. On a su dès lors qu’en produisant cette chose on pouvait produire de la richesse ; et ils ont mis par là sur la voie de découvrir les moyens par lesquels les nations obtiennent et multiplient ce qui fait leur aisance et leur prospérité.

Je ne peux ici exposer en détail les doctrines des économistes du 18me siècle et les conséquences qu’ils en tirent : il faut les chercher dans les écrits qui ont pour objet de les exposer et de les combattre ; je me contenterai de dire que, sauf celles qui ont rapport à l’impôt, elles sont presque toutes favorables au bien public, à la saine politique et à la bonne morale. Ils arrivent à des conclusions semblables à celles auxquelles les derniers progrès de la science ont conduit, mais par des motifs différens[1].

  1. Par exemple, ils veulent qu’on laisse aux hommes, dans les manufactures et le commerce, le plus libre usage de leurs facultés, et proclament la maxime : laissez faire et laissez passer, dans le but de réduire, par la concurrence, au taux le plus bas, les charges qui dimi-