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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/108

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tantôt le fils succède à son père ; tantôt l’élection se joue dans la famille ; tantôt c’est une élection pure et simple qui va choisir un parent éloigné, quelquefois un étranger. Vous ne trouvez à aucun système, rien de fixe ; toutes les institutions, comme toutes les situations sociales, existent ensemble, et se confondent et changent continuellement.

Dans les États règne la même mobilité : on les crée, on les supprime ; on les réunit, on les divise ; point de frontières, point de gouvernements, point de peuples ; une confusion générale des situations, des principes, des faits, des races, des langues : telle est l’Europe barbare.

Dans quelles limites est renfermée cette étrange époque ? Son origine est bien marquée, elle commence à la chute de l’Empire romain. Mais où a-t-elle fini ? Pour répondre à cette question, il faut savoir à quoi tenait cet état de la société, quelles étaient les causes de la barbarie.

J’en crois reconnaître deux principales : l’une matérielle, prise au dehors, dans le cours des événements ; l’autre morale, prise au dedans, dans l’intérieur de l’homme lui-même.

La cause matérielle, c’était la continuation de l’invasion. Il ne faut pas croire que l’invasion des Barbares se soit arrêtée au cinquième siècle ; il ne faut pas croire, parce que l’Empire romain est tombé, et qu’on trouve des royaumes barbares fondés sur ses ruines, que le mouvement des peuples soit à son terme. Ce mouvement a duré longtemps après la chute de l’Empire ; les preuves en sont évidentes.