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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/107

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qu’on distinguait les propriétés allodiales, ou entièrement libres, et les propriétés bénéficiaires, ou soumises à certaines obligations envers un supérieur ; vous savez comment on a tenté d’établir, dans cette dernière classe de propriété, un système précis et arrêté : on a dit que les bénéfices avaient d’abord été donnés pour un nombre d’années déterminé, puis à vie, et qu’ils étaient enfin devenus héréditaires. Vaine tentative : toutes ces espèces de propriétés existent pêle-mêle, et simultanément ; on rencontre à la même époque des bénéfices à temps, à vie, héréditaires ; la même terre passe en quelques années par ces différents états. Rien n’est plus stable ni plus général dans l’état des terres que dans l’état des personnes. Partout se fait sentir la transition laborieuse de la vie errante à la vie sédentaire, des relations personnelles aux relations combinées des hommes et des propriétés, ou relations réelles : dans cette transition, tout est confus, local, désordonné.

Dans les institutions, même instabilité, même chaos. Trois systèmes d’institutions sont en présence : la royauté, les institutions aristocratiques, ou le patronage des hommes et des terres les uns sur les autres, les institutions libres, c’est-à-dire les assemblées d’hommes libres délibérant en commun. Aucun de ces systèmes n’est en possession de la société, aucun ne prévaut. Les institutions libres existent ; mais les hommes qui devraient faire partie des assemblées n’y vont guères. La juridiction seigneuriale n’est pas plus régulièrement exercée. La royauté, qui est l’institution la plus simple, la plus facile à déterminer, n’a aucun caractère fixe ; elle est mêlée d’élection et d’hérédité :