Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Partout au nord-est le mouvement d’invasion continue et détermine les événements.

Au Midi, un mouvement de même nature se déclare : les Arabes musulmans paraissent ; tandis que les peuples germaniques et slaves se pressent le long du Rhin et du Danube, les Arabes, sur toutes les côtes de la Méditerranée, commencent leurs courses et leurs conquêtes.

L’invasion des Arabes a un caractère particulier. L’esprit de conquête et l’esprit de prosélytisme y sont réunis. L’invasion est faite pour conquérir du territoire et pour répandre une foi. La différence est grande entre ce mouvement et celui des Germains. Dans le monde chrétien la force spirituelle et la force temporelle sont distinctes. Le besoin de propager une croyance n’est pas dans les mêmes hommes que le désir de la conquête. Les Germains, en se convertissant, avaient conservé leurs mœurs, leurs sentiments, leurs goûts ; les intérêts et les passions terrestres continuaient de les dominer ; ils étaient devenus chrétiens ; mais non missionnaires. Les Arabes, au contraire, étaient conquérants et missionnaires ; la force de la parole et celle de l’épée étaient chez eux dans les mêmes mains. Plus tard ce caractère a déterminé le tour fâcheux de la civilisation musulmane ; c’est dans l’unité des pouvoirs temporel et spirituel, dans la confusion de l’autorité morale et de la force matérielle, que la tyrannie, qui paraît inhérente à cette civilisation, a pris naissance ; telle est, je crois, la principale cause de l’état stationnaire où elle est partout tombée. Mais cela n’a point paru au premier moment ; de là est résulté au contraire, pour l’invasion arabe,