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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/164

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il faut qu’il promulgue et maintienne les préceptes qui correspondent à ses doctrines ; il faut qu’il les prêche, les enseigne, que lorsque la société s’en écarte, il les lui rappelle. Rien de coactif ; mais la recherche, la prédication, l’enseignement des vérités religieuses ; au besoin, les admonitions, la censure ; c’est là la tâche du gouvernement religieux ; c’est là son devoir. Supprimez aussi complètement que vous voudrez la coaction, vous verrez toutes les questions essentielles de l’organisation du gouvernement s’élever et réclamer une solution. La question de savoir, par exemple, s’il faut un corps de magistrats religieux, ou s’il est possible de se fier à l’inspiration religieuse des individus, cette question qui se débat entre la plupart des sociétés religieuses et celle des Quakers, elle existera toujours, il faudra toujours la traiter. De même la question de savoir si, quand on est convenu qu’un corps de magistrats religieux est nécessaire, on doit préférer un système d’égalité, des ministres de la religion égaux entre eux, et délibérant en commun, ou une constitution hiérarchique, divers degrés de pouvoir, cette question-là ne périra point parce que vous aurez retiré aux magistrats ecclésiastiques, quels qu’ils soient, tout pouvoir coercitif. Au lieu donc de dissoudre la société religieuse, pour avoir le droit de détruire le gouvernement religieux, il faut reconnaître que la société religieuse se forme naturellement, que le gouvernement religieux découle aussi naturellement de la société religieuse ; et que le problème à résoudre, c’est de savoir à quelles conditions ce gouvernement doit exister, quelles sont les bases, les principes, les conditions