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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/168

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Comment découvrait-on et allait-on puiser, dans le sein de la société, les supériorités légitimes qui devaient prendre part au gouvernement ?

Deux principes étaient en vigueur dans l’Église : 1º l’élection de l’inférieur par le supérieur, le choix, la nomination ; 2º l’élection du supérieur par les subordonnés, ou l’élection proprement dite, telle que nous la concevons aujourd’hui.

L’ordination des prêtres, par exemple, la faculté de faire un homme prêtre, appartenait au supérieur seul ; le choix se faisait du supérieur à l’inférieur. De même, dans la collation de certains bénéfices ecclésiastiques, entre autres des bénéfices attachés à des concessions féodales, c’était le supérieur, roi, pape ou seigneur, qui nommait le bénéficier. Dans d’autres cas, le principe de l’élection proprement dite agissait. Les évêques ont été longtemps et étaient souvent encore, à l’époque qui nous occupe, élus par le corps du clergé ; les fidèles y intervenaient même quelquefois. Dans l’intérieur des monastères, l’abbé était élu par les moines. À Rome, les papes étaient élus par le collège des cardinaux, et même auparavant, tout le clergé romain y prenait part. Vous trouvez donc les deux principes, le choix de l’inférieur par le supérieur, et l’élection du supérieur par les subordonnés, reconnus et en action dans l’Église, particulièrement à l’époque qui nous occupe ; c’était par l’un ou l’autre de ces moyens, qu’elle désignait les hommes appelés à exercer une portion du pouvoir ecclésiastique.

Non-seulement ces deux principes coexistaient, mais, essentiellement différents, ils étaient en lutte.