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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/167

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rangs, dans les inférieurs comme dans les supérieurs, plus souvent même dans les inférieurs. Tout tombait autour d’elle sous le régime du privilège ; elle maintenait seule le principe de l’égalité, de la concurrence ; elle appelait seule toutes les supériorités légitimes à la possession du pouvoir. C’est la première grande conséquence qui ait découlé naturellement de ce qu’elle était un corps et non pas une caste.

En voici une seconde ; il y a un esprit inhérent aux castes, c’est l’esprit d’immobilité. L’assertion n’a pas besoin de preuve. Ouvrez toutes les histoires, vous verrez l’esprit d’immobilité s’emparer de toutes les sociétés, politiques ou religieuses, où le régime des castes domine. La crainte du progrès s’est bien introduite, à une certaine époque et jusqu’à un certain point, dans l’Église chrétienne. On ne peut dire qu’elle y ait dominé ; on ne peut dire que l’Église chrétienne soit restée immobile et stationnaire ; pendant de longs siècles, elle a été en mouvement, en progrès, tantôt provoquée par les attaques d’une opposition extérieure, tantôt déterminée dans son propre sein, par des besoins de réforme, de développement intérieur. À tout prendre, c’est une société qui a constamment changé, marché, qui a une histoire variée et progressive. Nul doute que l’égale admission de tous les hommes aux charges ecclésiastiques, que le continuel recrutement de l’Église par un principe d’égalité, n’aient puissamment concouru à y entretenir, à y ranimer sans cesse le mouvement et la vie, à prévenir le triomphe de l’esprit d’immobilité.

Comment l’Église qui admettait tous les hommes au pouvoir, s’assurait-elle qu’ils y avaient droit ?