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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/173

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modernes, à l’homme extérieur, aux rapports purement civils des hommes entre eux ; il s’adressait, à l’homme intérieur, à la pensée, à la conscience, c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus intime, de plus libre, de plus rebelle à la contrainte. L’Église était donc, par la nature même de son entreprise, combinée avec celle de quelques-uns des principes sur lesquels se fondait son gouvernement, mise en péril de tyrannie, d’un emploi illégitime de la force. Mais, en même temps, la force rencontrait là une résistance qu’elle ne pouvait vaincre. Pour peu qu’on leur laisse de mouvement et d’espace, la pensée et la liberté humaine réagissent énergiquement contre toute tentative de les assujettir, et contraignent le despotisme même qu’elles subissent, à s’abdiquer lui-même à chaque instant. C’est ce qui arrivait au sein de l’Église chrétienne. Vous avez vu la proscription de l’hérésie, la condamnation du droit d’examen, le mépris de la raison individuelle, le principe de la transmission impérative des doctrines par la voie de l’autorité. Eh bien ! trouvez une société où la raison individuelle se soit plus hardiment développée que dans l’Église ! Que sont donc les sectes, les hérésies, sinon le fruit des opinions individuelles ? Les sectes, Messieurs, les hérésies, tout ce parti de l’opposition dans l’Église chrétienne, sont la preuve incontestable de la vie, de l’activité morale qui y régnait ; vie orageuse, douloureuse, semée de périls, d’erreurs, de crimes, mais noble et puissante, et qui a donné lieu aux plus beaux développements d’intelligence et de volonté. Sortez de l’opposition, entrez dans le gouvernement ecclésiastique lui-même ; vous le trouverez