Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/175

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du pouvoir temporel : c’est le second point de vue sous lequel je me suis promis de la considérer.

Quand l’Empire fut tombé, Messieurs ; quand, au lieu de l’ancien régime romain, de ce gouvernement au milieu duquel l’Église était née, avec lequel elle avait des habitudes communes, d’anciens liens, elle se vit en face de ces rois barbares, de ces chefs barbares errants sur le territoire, ou fixés dans leurs châteaux, et auxquels rien ne l’unissait encore, ni traditions, ni croyances, ni sentiments, son danger fut grand, et son effroi aussi.

Une seule idée devint dominante dans l’Église, ce fut de prendre possession de ces nouveaux venus, de les convertir. Les relations de l’Église avec les Barbares n’eurent d’abord presque aucun autre but.

Pour agir sur les Barbares, c’était surtout à leurs sens, à leur imagination qu’il fallait s’adresser. Aussi voit-on, à cette époque, augmenter beaucoup le nombre, la pompe, la variété des cérémonies du culte. Les chroniques prouvent que c’était surtout par ce moyen que l’Église agissait sur les Barbares ; elle les convertissait par de beaux spectacles.

Quand une fois ils furent établis et convertis, quand il y eut quelques liens entre eux et l’Église, elle ne cessa pas de courir, de leur part, d’assez grands dangers. La brutalité, l’irréflexion des mœurs des Barbares étaient telles que les nouvelles croyances, les nouveaux sentiments qu’on leur avait inspirés, exerçaient sur eux très peu d’empire. Bientôt la violence reprenait le dessus, et l’Église en était victime comme le reste de la société. Pour s’en défendre, elle proclama un principe déjà posé sous l’Empire, quoique