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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/179

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chefs de l’Église, la variété des aspects sous lesquels ils se présentaient dans la société. D’une part, ils étaient prélats, membres de l’ordre ecclésiastique, portion du pouvoir spirituel, et à ce titre, indépendants ; de l’autre, ils étaient vassaux, et comme tels, engagés dans les liens de la féodalité civile. Ce n’est pas tout ; outre qu’ils étaient vassaux, ils étaient sujets ; quelque chose des anciennes relations des empereurs romains avec les évêques, avec le clergé, avait passé dans celles du clergé avec les souverains Barbares. Par une série de causes qu’il serait trop long de développer, les évêques avaient été conduits à regarder, jusqu’à certain point, les souverains Barbares comme les successeurs des empereurs romains, et à leur en attribuer tous les droits. Les chefs du clergé avaient donc un triple caractère, un caractère ecclésiastique, et comme tel indépendant ; un caractère féodal, et comme tel engagé à certains devoirs, tenu de certains services ; enfin un caractère de simple sujet, et comme tel tenu d’obéir à un souverain absolu. Voici ce qui en arrivait. Les souverains temporels, qui n’étaient pas moins avides ni moins ambitieux que les évêques, se prévalaient souvent de leurs droits comme seigneurs ou comme souverains, pour attenter à l’indépendance spirituelle, et pour s’emparer de la collation des bénéfices, de la nomination aux évêchés, etc. De leur côté, les évêques se retranchaient souvent dans l’indépendance spirituelle, pour se refuser à leurs obligations comme vassaux ou comme sujets ; en sorte qu’il y avait des deux côtés une pente presque inévitable qui portait les souverains à détruire l’indépendance spirituelle, les chefs