Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/205

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Tels sont, dans l’histoire de l’Église, les deux grands faits qui appartiennent à l’époque barbare. D’une part, le développement du principe de la séparation du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel ; de l’autre, le développement du système monastique dans l’Occident.

Vers la fin de l’époque barbare, il y eut une nouvelle tentative de ressusciter l’Empire romain, c’est la tentative de Charlemagne. L’Église et le souverain civil contractèrent de nouveau une étroite alliance. Ce fut une époque de grande docilité, et aussi de grands progrès pour la papauté. La tentative échoua encore une fois ; l’Empire de Charlemagne tomba ; mais les avantages que l’Église avait retirés de son alliance lui restèrent. La papauté se vit définitivement à la tête de la chrétienté.

A la mort de Charlemagne, le chaos recommence ; l’Église y retombe comme la société civile : elle en sort de même en entrant dans les cadres de la féodalité. C’est son troisième état. Il arriva, par la dissolution de l’Empire de Charlemagne, dans l’ordre ecclésiastique, à peu près la même chose que dans l’ordre civil : toute unité disparut, tout devint local, partiel, individuel. On voit commencer alors, dans la situation du clergé, une lutte qu’on n’a guère rencontrée jusqu’à cette époque : c’est la lutte des sentiments et de l’intérêt du possesseur de fief avec les sentiments et l’intérêt du prêtre. Les chefs de l’Église sont placés entre ces deux situations : l’une tend à prévaloir sur l’autre ; l’esprit ecclésiastique n’est plus si puissant, si universel ; l’intérêt individuel tient plus de place ; le goût de l’indépendance, les habitudes de la vie féodale