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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/206

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relâchent les liens de la hiérarchie ecclésiastique. Il se fait alors dans le sein de l’Église une tentative pour prévenir les effets de ce relâchement. On essaie sur divers points, par un système de fédération, par les assemblées et les délibérations communes, d’organiser des églises nationales. C’est à cette époque, c’est sous le régime féodal qu’on rencontre la plus grande quantité de conciles, de convocations, d’assemblées ecclésiastiques, provinciales, nationales. C’est en France surtout que cet essai d’unité paraît suivi avec le plus d’ardeur. L’archevêque Hincmar de Reims peut être considéré comme le représentant de cette idée ; il a constamment travaillé à organiser l’Église française ; il a cherché, employé tous les moyens de correspondance et d’union qui pouvaient ramener dans l’Église féodale un peu d’unité. On voit Hincmar maintenir, d’un côté, l’indépendance de l’Église à l’égard du pouvoir temporel, de l’autre, son indépendance à l’égard de la papauté ; c’est lui qui, sachant que le pape veut venir en France, et menace d’excommunier des évêques, dit : Si excommunicaturus venerit, excommunicatus abibit.

Mais la tentative d’organiser ainsi l’Église féodale ne réussit pas mieux que n’avait réussi la réorganisation de l’Église impériale. Il n’y eut pas moyen de rétablir quelque unité dans cette Église. La dissolution allait toujours augmentant. Chaque évêque, chaque prélat, chaque abbé, s’isolait de plus en plus dans son diocèse, ou dans son monastère. Le désordre croissait par la même cause. C’est le temps des plus grands abus de la simonie, de la disposition tout-à-fait arbitraire des bénéfices ecclésiastiques,