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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/22

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s’en va de jour en jour s’affaiblissant davantage. Et supposons même qu’elle pût encore être conservée ailleurs, serait-elle admissible dans l’histoire ce mouvant tableau de l’humanité qui réunit tous les contrastes, toutes les combinaisons, où le rire succède aux larmes, le burlesque au pathétique, le plaisant au terrible, le ridicule au sublime ?

L’histoire, sous une plume exercée, prendra donc les tons les plus opposés, les formes les plus variées.

Elle sera critique dans ses résultats, c’est-à-dire qu’elle ne présentera que des faits empruntés à des autorités attentivement comparées entre elles, dont l’authenticité aura été reconnue et qui seront scrupuleusement citées pour la garantie du lecteur. Mais en s’appuyant sur l’érudition et la philologie, elle ne leur sacrifiera ni sa liberté ni son élégance, et se gardera de dégénérer en polémique ou en démonstration.

Elle sera pittoresque, en peignant avec vérité les hommes et les choses, en conservant aux temps, aux faits, aux individus, leur physionomie et leur caractère ; tantôt rapide, animée, véhémente, tantôt calme et paisible, là bornée à une esquisse hardie, ici appliquée à terminer jusqu’aux détails. Toutefois, en appréciant le mérite du coloris, en ayant souci du costume et de la propriété locale, elle ne prendra point une enluminure pour un tableau, elle évitera de décrire pour l’unique plaisir de décrire, et ne matérialisera pas la science historique en la faisant consister puérilement dans un inventaire de garde-meuble ou de friperie.

Elle sera philosophique, puisque toutes les bran-