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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/222

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Parmi les circonstances qui ont pu y contribuer, il y en a une, à mon avis, trop peu remarquée, c’est le droit d’asile des églises. Avant que les communes se fussent constituées, avant que par leur force, leurs remparts, elles pussent offrir un asile à la population désolée des campagnes, quand il n’y avait encore de sûreté que dans l’église, cela suffisait pour attirer dans les villes beaucoup de malheureux, de fugitifs. Ils venaient se réfugier soit dans l’église même, soit autour de l’église ; et c’étaient non seulement des hommes de la classe inférieure, des serfs, des colons, qui cherchaient un peu de sûreté, mais souvent des hommes considérables, des proscrits riches. Les chroniques du temps sont pleines de tels exemples. On voit des hommes, naguère puissants, poursuivis par un voisin plus puissant, ou par le roi lui-même, qui abandonnent leurs domaines, emportent tout ce qu’ils peuvent emporter, et vont s’enfermer dans une ville, et se mettre sous la protection d’une église ; ils deviennent des bourgeois. Les réfugiés de cette sorte n’ont pas été, je crois, sans influence sur le progrès des villes ; ils y ont introduit quelque richesse et quelques éléments d’une population supérieure à la masse de leurs habitants. Qui ne sait d’ailleurs que quand une fois un rassemblement un peu considérable s’est formé quelque part, les hommes y affluent, soit parce qu’ils y trouvent plus de sûreté, soit par le seul effet de cette sociabilité qui ne les abandonne jamais ?

Par le concours de toutes ces causes, dès que le régime féodal se fut un peu régularisé, les villes reprirent un peu de force. Cependant la sécurité n’y