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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/236

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les siècles suivants qu’ils ont clairement apparu, et qu’on a pu les discerner. Il est certain cependant que le germe en était déposé dans la situation originaire des communes, dans le mode de leur affranchissement et la place que prirent alors les bourgeois dans la société. J’ai donc été en droit de les faire pressentir dès aujourd’hui. Pénétrons maintenant dans l’intérieur même de la commune du douzième siècle ; voyons comment elle était gouvernée, quels principes et quels faits dominaient dans les rapports des bourgeois entre eux.

Vous vous rappelez, Messieurs, qu’en parlant du régime municipal légué par l’Empire romain au monde moderne, j’ai eu l’honneur de vous dire que le monde romain avait été une grande coalition des municipalités, municipalités autrefois souveraines comme Rome elle-même. Chacune de ces villes avait eu d’abord la même existence que Rome, avait été une petite république indépendante, faisant la paix, la guerre, se gouvernant à son gré. À mesure qu’elles s’incorporèrent dans le monde romain, les droits qui constituent la souveraineté, le droit de paix et de guerre, le droit de législation, le droit de taxe, etc., sortirent de chaque ville et allèrent se concentrer à Rome. Il ne resta qu’une municipalité souveraine, Rome, régnant sur un grand nombre de municipalités qui n’avaient plus qu’une existence civile. Le régime municipal changea de caractère ; et au lieu d’être un gouvernement politique, un régime de souveraineté, il devint un mode d’administration. C’est la grande révolution qui s’est consommée sous l’Empire romain. Le régime municipal, devenu un mode d’administration, fut