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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/235

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toutes modernes, issues de la civilisation moderne, fruit de cette glorieuse et puissante généralité qui la caractérise, et qui ne saurait, manquer d’assurer au public, dans le gouvernement du pays, une influence, un poids, qui ont constamment manqué et dû manquer aux bourgeois nos aïeux. (Applaudissements.)

En revanche, ils acquirent et déployèrent, dans la lutte d’intérêts locaux qu’ils eurent à soutenir, sous cet étroit horizon, un degré d’énergie, de dévouement, de persévérance, de patience, qui n’a jamais été surpassé. La difficulté de l’entreprise était telle, ils avaient à lutter contre de tels périls, qu’il y fallut un déploiement de courage sans exemple. On se fait aujourd’hui une très-fausse idée de la vie des bourgeois des douzième et treizième siècles. Vous avez lu dans l’un des romans de Walter Scott, Quentin Durward, la peinture qu’il a faite du bourgmestre de Liége : il en a fait un vrai bourgeois de comédie, gras, mou, sans expérience, sans audace, uniquement occupé de mener sa vie commodément. Les bourgeois de ce temps, Messieurs, avaient toujours la cotte de mailles sur la poitrine, la pique à la main ; leur vie était presque aussi orageuse, aussi guerrière, aussi dure que celle des seigneurs qu’ils combattaient. C’est dans ces continuels périls, en luttant, contre toutes les difficultés de la vie pratique, qu’ils avaient acquis ce mâle caractère, cette énergie obstinée, qui se sont un peu perdus dans la molle activité des temps modernes.

Messieurs, aucun de ces effets sociaux ou moraux de l’affranchissement des communes n’avait pris au douzième siècle tout son développement ; c’est dans