Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/240

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féroce ; et par contre-coup, dans la population supérieure, un esprit de timidité, de transaction, une excessive facilité à s’arranger, soit avec le roi, soit avec les anciens seigneurs, afin de rétablir dans l’intérieur de la commune quelque ordre, quelque paix. Ni l’un ni l’autre de ces esprits ne pouvait faire prendre aux communes une grande place dans l’État.

Tous ces effets n’avaient pas éclaté au douzième siècle ; cependant on pouvait les pressentir dans le caractère même de l’insurrection, dans la manière dont elle avait commencé, dans l’état des divers éléments de la population communale.

Tels sont, Messieurs, si je ne m’abuse, les principaux caractères, les résultats généraux et de l’affranchissement des communes et de leur gouvernement intérieur. J’ai eu l’honneur de vous prévenir que ces faits n’avaient pas été aussi uniformes, aussi universels que je les ai exposés. Il y a de grandes diversités dans l’histoire des communes d’Europe. Par exemple, en Italie, dans le midi de la France, le régime municipal romain domina ; la population n’était pas à beaucoup près aussi divisée, aussi inégale que dans le nord. Aussi l’organisation communale fut beaucoup meilleure, soit à cause des traditions romaines, soit à cause du meilleur état de la population. Au nord, c’est le régime féodal qui prévaut dans l’existence communale. Là tout semble subordonné à la lutte contre les seigneurs. Les communes du midi se montrent beaucoup plus occupées de leur organisation intérieure, d’améliorations, de progrès. On sent qu’elles deviendront des républiques indépendantes. La destinée des communes du nord, en France surtout,