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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/246

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qui distingue l’Europe moderne de l’Europe primitive ; voilà la métamorphose qui s’est accomplie du treizième au seizième siècle.

C’est donc du treizième au seizième siècle, c’est-à-dire dans l’époque où nous entrons, qu’il en faut chercher le secret ; c’est le caractère distinctif de cette époque, qu’elle a été employée à faire de l’Europe primitive l’Europe moderne ; de là son importance et son intérêt historique. Si on ne la considérait pas sous ce point de vue, si on n’y cherchait pas surtout ce qui en est sorti, non seulement on ne la comprendrait pas, mais on s’en lasserait, on s’en ennuierait promptement. Vue en elle-même en effet, et à part de ses résultats, c’est un temps sans caractère, un temps où la confusion va croissant sans qu’on en aperçoive les causes, temps de mouvement sans direction, d’agitation sans résultat ; royauté, noblesse, clergé, bourgeois, tous les éléments de l’ordre social semblent tourner dans le même siècle, également incapables de progrès et de repos. On fait des tentatives de tout genre, toutes échouent : on tente d’asseoir les gouvernements, de fonder les libertés publiques ; on tente même des réformes religieuses ; rien ne se fait, rien n’aboutit. Si jamais le genre humain a paru voué à une destinée agitée et pourtant stationnaire, à un travail sans relâche et pourtant stérile, c’est du treizième au quinzième siècle que telle est la physionomie de sa condition et de son histoire.

Je ne connais qu’un ouvrage où cette physionomie soit empreinte avec vérité ; c’est l’Histoire des ducs de Bourgogne, de M. de Barante. Je ne parle pas