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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/260

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la géographie fit un pas immense : l’ardeur pour les découvertes devint la forme nouvelle que revêtit l’esprit aventureux des Européens. L’idée d’un autre hémisphère cessa, quand le nôtre fut mieux connu, de se présenter à l’esprit comme un paradoxe dépourvu de toute vraisemblance ; et ce fut en allant à la recherche du Zipangri de Marc Pol, que Christophe Colomb découvrit le Nouveau Monde. »

Vous voyez, Messieurs, quel était, au treizième et au quatorzième siècle, par les faits qu’avait amenés l’impulsion des croisades, quel était, dis-je, le monde vaste et nouveau qui s’était ouvert devant l’esprit européen. On ne peut douter que ce n’ait été là une des causes les plus puissantes du développement et de la liberté d’esprit qui éclatent au sortir de ce grand événement.

Une autre circonstance mérite d’être remarquée. Jusqu’aux croisades, la cour de Rome, le centre de l’Église, n’avait guère été en communication avec les laïques que, par l’intermédiaire des ecclésiastiques, soit des légats que la cour de Rome envoyait, soit des évêques et du clergé tout entier. Il y avait bien toujours quelques laïques en relation directe avec Rome. Mais, à tout prendre, c’était par les ecclésiastiques qu’elle communiquait avec les peuples. Pendant les croisades, au contraire, Rome devint un lieu de passage pour une grande partie des croisés, soit en allant, soit en revenant. Une foule de laïques assistèrent au spectacle de sa politique et de ses mœurs, démêlèrent la part de l’intérêt personnel dans les débats religieux. Nul doute que cette connaissance nouvelle n’ait