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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/284

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électif, sous la forme de l’acceptation populaire, reprend quelque réalité. Vous vous rappelez que ce changement de dynastie fut comme une nouvelle invasion des Germains dans l’occident de l’Europe, et ramena quelque ombre de leurs anciennes institutions, de leurs anciennes mœurs.

En même temps nous voyons le principe religieux s’introduire plus clairement dans la royauté, et y jouer un plus grand rôle. Pepin est reconnu et sacré par le pape ; il a besoin de la sanction religieuse ; c’est déjà une grande force, il la recherche. Charlemagne a le même soin ; la royauté religieuse se développe. Cependant sous Charlemagne, ce n’est pas ce caractère qui y domine ; la royauté impériale est évidemment celle qu’il tente de ressusciter. Quoi qu’il s’allie étroitement avec le clergé, il s’en sert et n’en est point l’instrument. L’idée d’un grand État, d’une grande unité politique, la résurrection de l’Empire romain est l’idée favorite, le rêve du règne de Charlemagne.

Il meurt, Louis-le-Débonnaire lui succède ; il n’est personne qui ne sache quel caractère revêt momentanément le pouvoir royal ; le roi tombe entre les mains du clergé qui le censure, le dépose, le rétablit, le gouverne ; la royauté religieuse subordonnée semble près de s’établir.

Ainsi, du milieu du huitième au milieu du neuvième siècle, la diversité des trois sortes de royauté se manifeste dans des événements considérables, rapprochés, clairs.

Après la mort de Louis-le-Débonnaire, dans la dissolution où tombe l’Europe, les trois sortes de royauté