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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/286

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on ne reconnaît aucun des titres dont jusque-là la royauté avait coutume de se prévaloir. Ce n’est pas comme héritière des empereurs, à titre de royauté impériale, qu’elle s’agrandit et prend plus de consistance. Ce n’est pas non plus en vertu d’une élection, ni comme émanation de la puissance divine : toute apparence élective a disparu ; le principe de l’hérédité du trône prévaut définitivement ; et quoique la religion sanctionne l’avènement des rois, les esprits ne paraissent pas du tout préoccupés du caractère religieux de la royauté de Louis-le-Gros. Un élément nouveau, un caractère jusque-là inconnu se produit dans la royauté ; une royauté nouvelle commence.

La société, je n’ai pas besoin de le répéter, était à cette époque dans un désordre prodigieux, en proie à de continuelles violences. Pour lutter contre ce déplorable état, pour ressaisir quelque règle, quelque unité, la société n’avait en elle-même aucun moyen. Les institutions féodales, ces parlements de barons, ces cours seigneuriales, toutes ces formes sous lesquelles on a, dans les temps modernes, présenté la féodalité comme un régime systématique et ordonné tout cela était sans réalité, sans puissance, il n’y avait rien là qui parvînt à rétablir un peu d’ordre, de justice ; en sorte qu’au milieu de la désolation sociale, on ne savait à qui avoir recours pour faire réparer une grande injustice, remédier à un grand mal, constituer un peu l’État. Le nom de roi restait ; un seigneur le portait ; quelques-uns s’adressèrent à lui. Les titres divers sous lesquels s’était présentée jusque-là la royauté, quoiqu’ils n’exerçassent pas un grand empire, étaient cependant